Publié le 18 mai 2021 Mis à jour le 18 mai 2021

Séminaire ’Modernités britanniques’, sous l’égide du Labex COMOD et en partenariat avec l’ENS Lyon
 

Jeudi 29 Mars 2018 : Russel Jackson (University of Birmingham), « Hamlet and As You Like It : To cut and not to cut »

The text of As You Like It is rarely cut in the theatre, while Hamlet is hardly ever given using all the available script material. Kenneth Branagh has directed films of both plays : his 1996 Hamlet delivers the ’complete’ text, and his As You Like It was adapted for the screen with the textual alterations usually expected for that medium. Russell Jackson, who has worked closely with Branagh as text consultant on his theatre and film productions of Shakespeare’s plays, will discuss his films of the two plays.

Jeudi 7 décembre 2017 : Culture matérielle dans l’Angleterre des 16e et 17e siècles

Anne-Valérie Dulac (Sorbonne Université), « L’objet du ‘limner’ à la période élisabéthaine »

Les termes qui désignent le travail du miniaturiste à la période élisabéthaine sont très différents de ceux que l’histoire de l’art ou la littérature utilisent aujourd’hui pour décrire ces mêmes œuvres. Le mot "miniature" lui-même ne s’applique pas encore aux portraits de petite taille dont les plus connus en Angleterre à cette époque sont ceux de Nicholas Hilliard. La variété des termes employés pour dire la miniature a, pour les études littéraires, une conséquence double. Elle rend tout d’abord difficile dans certaines œuvres la reconnaissance et l’identification de l’objet de manière définitive. Mais elle problématise et nourrit également une réflexion sur ce qui caractérise la miniature pour l’écrivain qui la mobilise comme métaphore ou objet. Quelles sont les spécificités de la miniature à la période élisabéthaine et quelles sont les raisons qui peuvent amener un poète ou un dramaturge à privilégier cette technique plutôt qu’une autre ? L’instabilité lexicale permet au lecteur de saisir la complexité de l’objet miniature en littérature et d’ouvrir la voie à des rapprochements entre le travail du miniaturiste et celui d’autres aquarellistes de la période, pour des raisons de technique et d’effet plutôt que pour des questions de taille. Le format du portrait miniature n’est en effet pas toujours premier ni dans la caractérisation de l’œuvre picturale ni dans les motifs qui président au choix de la miniature comme image privilégiée en littérature. Nous envisagerons dès lors, à l’étude d’exemples tirés du théâtre, de la poésie et de la prose, la richesse encore partiellement inexplorée de la référence à la miniature dans la littérature de la période élisabéthaine. « La matérialité de la peinture du poète satiriste »

Anne-Marie Miller-Blaise (IUF, Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3), « La matérialité de la peinture du poète satiriste »

La célèbre formule Ut Pictura Poesis n’a jamais eu plus de sens dans l’histoire de la littérature anglaise qu’à l’époque élisabéthaine : et la peinture et la poésie sont conçues comme deux formes particulièrement émouvantes, et donc convaincantes, de rhétorique et constituent, à ce titre, des outils privilégiés du dessein humaniste qui est d’instruire tout en plaisant (Philip Sidney, An Apology for Poetry). Mais que devient cette analogie lorsqu’on regarde de plus près les techniques propres à chacun de ces deux arts ? Le poète se pense-t-il vraiment comme un peintre et mobilise-t-il jusqu’aux procédés inédits et aux matériaux d’une peinture élisabéthaine qui, bien que moins développée que sur le Continent, inventent ses techniques propres ? Patricia Fumerton a brillamment démontré la façon dont le travail du sonnettiste de la fin de la période élisabéthaine pouvait être rapproché des techniques très particulières mises en œuvre dans la miniature (limning). Qu’en est-il, cependant, de d’autres genres poétiques ? Notre propos concernera les satires en vers et les élégies qui s’élaborent à la toute fin du 16e siècle dans la tradition romaine et qui répondent à un art du sonnet qui semble s’épuiser. On tentera de mettre en lumière la façon dont le satiriste / élégiste (John Donne en particulier) ne se contente pas de tourner en dérision les topoi de la poésie néo-pétrarquiste mais, qu’en s’inscrivant subtilement dans l’écart par rapport aux matériaux précieux du limner, a recours, ou peut-être même invente, une autre matérialité, bien plus organique, de la peinture (et) de la poésie.

Mardi 17 octobre 2017 : Frank Lestringant (Sorbonne Université), « L’ailleurs à la Renaissance : l’Amérique du Nord. Présentation du Théâtre de la Floride »

Frank Lestringant viendra nous présenter son dernier ouvrage paru aux PUPS, Le théâtre de la Floride. Les expéditions en Floride de Jean Ribault et René de Laudonnière prennent place au début des guerres de Religion (1562-1565). Il s’agit, à l’instigation de l’amiral de Coligny, de faire pièce à l’Espagne en Amérique du Nord. Or c’est menacer la voie traditionnelle des galions qui, chaque année, rapportent l’or et l’argent d’Amérique. D’où la brutale intervention militaire de la fin de l’été 1565 et, sous l’action expéditive de l’adelantado Menéndez de Avilés, la liquidation de la colonie en quelques semaines. Les derniers survivants sont traqués, égorgés ou faits esclaves. Les estimations varient entre cinq cents et mille morts. Ce sinistre épisode a pour épilogue l’expédition de représailles menée par Dominique de Gourgues contre trois forts espagnols, dont la garnison est pendue en totalité. L’ouvrage prend appui sur les images de Jacques Le Moyne de Morgues, les quarante-deux gravures du second volume des Grands Voyages de Théodore de Bry (1591). Pour la première fois est traduit du latin en français le récit de la colonisation, suivie de la destruction de l’établissement. Vingt-cinq ans après, les Indiens Timucua de Floride sont représentés à travers un ensemble de références aussi tardives que disparates, qui associent à la hache des Tupinamba du Brésil des détails venus des tuniques aztèques, telles qu’elles sont figurées dans le Codex Mendoza, ou des artefacts européens comme la hotte de vendangeur. Au total, la suite floridienne est un ensemble composite, mais nostalgique d’un monde embelli par le souvenir, qui replonge par instants le spectateur dans l’Éden des origines.